
Nom du blog :
bojananikcevic
Description du blog :
Bojana Nikcevic
IMAGISTE
Créations photo et vidéo
Catégorie :
Blog Photo
Date de création :
20.11.2009
Dernière mise à jour :
20.11.2009
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· DEMARCHE
L'aveu intime concernant la nécessité de poser et d'assumer l'acte de la création a commencé par la conception et la production des images fixes que l'on appelle la photographie.
Non.
En fait et en toute honnêteté, l'aveu s'est manifesté par l'écriture. J'ai commencé à fixer les images sur support photographique quand j'ai acquis suffisamment dé connaissances et de courage pour écrire en une langue qui n'est pas ma langue maternelle. Française en l'occurence.
J'ai déchiré maintes pages avant de m'avouer qu’en terme d’images représentées l'écriture ne me suffisait plus. J'avais beau me dire que de toute façon l'écriture c'est de l'image... Elle avait tout simplement cessé d’être le moyen d’expression me permettant d’exprimer de façon la plus juste possible ma manière de réagir, sentir et ressentir à l’égard de cette perpétuelle superposition des réalités qui est la vie.
L’écriture accompagne certaines de mes photos. Elle est une réalité mentale, une image supplémentaire qui vient se superposer à celles dont les photos témoignent.
Je fais de la photo en cycles. Souvent. C’est le moyen que j’ai trouvé pour exprimer les degrés de réalités différentes qui interviennent dans une conjoncture donnée et dont la seule constante est le mouvement qui implique le changement.
Le temps dans lequel ma vie se déroule est un temps de course après le temps à gagner et à perdre. J’en suis le résultat. Du temps, je n'en ai pas. De la patience non plus. (Néanmoins, c'est ce que j'ai cru pendant un bon bout de temps). Alors je faisais de la photo. Des réactions immédiates et instantanées au monde environnant. J’avais envie de dire, j’appuyais ; j’avais envie de peindre, j’appuyais encore ; j’avais envie de dessiner, j’appuyais toujours… De l’évacuation, de la vision, du sentiment et du ressentiment là, maintenant, tout de suite.De la Photo.
Puis, le temps passant, le rapport à la création s'est apaisé. Hurlement est devenu parole. Les images ont commencé à prendre leur temps pour s'exprimer. J'ai cessé de m'acharner à fixer le « mouvement – temps – réalités » dans un seul cadre. J'ai laissé du temps au temps, du temps au mouvement. J'ai appris la patience. J'ai commencé à faire de la vidéo.
Passer la journée à construire un temps qui se compte en 25 images par seconde. Passer des semaines, voire des mois à composer une histoire qui sera racontée en quelques minutes. Respecter cette illusoire notion qui est symbolisée par le mouvement et par le changement – le temps. Prendre le temps de construire de façon cohérente un discours intelligible qui est le fruit d'une longue réfléxion.Briser la solitude et travailler à deux, à trois...
La photographie reste et restera à jamais une question de nécessité. Elle n'a pas été remise en question par la vidéo. Ces deux supports cohabitent en bons voisins. Par contre, à chaque fois où j'ai besoin d'hurler ma main va se poser instinctivement sur l'appareil photo : « Viens! On va faire un tour. »
Dans « La bibliothèque de Babel » Borges a écrit : « S’il y avait un voyageur éternel pour la traverser dans un sens quelconque, les siècles finiraient par lui apprendre que les mêmes volumes se répètent toujours dans le même désordre – qui, répété, deviendrait un ordre : l’Ordre ». La photo et la vidéo sont, à mes yeux, un peu comme la Bibliothèque – elles offrent la possibilité de passer d’un médium à un autre dans un apparent désordre de représentations qui sont : l’Image. Ou plutôt, « Ma solitude se console à cet élégant espoir » (Idem).